Il y a quelques temps, je me suis pris une claque dans la figure en lisant les propos de Monsieur Yann Moix sur les femmes.
Je n’émettrai aucun avis personnel sur ses dires, je n’ai pas à le juger.
Il est en période de promotion et assure ainsi la publicité nécessaire pour écouler son bouquin. Il n’est pas à une polémique près, c’est son fond de commerce.

En revanche, lorsque je vois les différentes réactions sur la toile suite à sa faconde nauséabonde ultra-markettée, je me demande si les femmes sont bien conscientes de savoir ce qu’est être une Femme.
Si des garçonnets comme Yann Moix existent par légions, il faut aussi être honnête que le pendant féminin existe lui aussi.
À l’ére de l’ultra-visibilité sur les réseaux sociaux, je vois beaucoup de clones masculins et féminins asservis à l’image que la société attend d’eux.

Qu’est ce qu’être une femme ?

Cette question pourrait tout aussi bien être qu’est ce qu’être un homme ?

Vaste sujet.

Penchons nous sur une “femme” de 40 ans. Lambda.

Elle lit des magasines féminins, est ultra active sur les réseaux sociaux, sportive pour entretenir son image, a un job qui lui prend le plus clair de son temps (passionnant évidemment), s’occupe à merveille de sa progéniture, a des passions dévorantes, est une merveilleuse cuisinière, le tout dans un dynamisme de Wonder-Woman.
Le weekend elle part avec son mari fou amoureux d’elle dans leur résidence secondaire, à bord d’un gros SUV, avec des bagages logotés et des fringues de marques trop confortables.
(Ok c’est une caricature ! Mais je suis cernée !!!)

Pensez-vous là que c’est un aboutissement ?
Pour la plupart d’entre-nous, oui.

La réalité est souvent moins idyllique.

etre-femme-2019

Photo Orion Delain®

Les magazines féminins, comme le fameux Marie Claire France (qui a autorisé la publication de l’interview de Yann Moix), nous parlent de personnalités extraordinaires, qui luttent contre la drogue, ou encore se battent pour le changement climatique…

Mais plus profondément que cela, les médias se font pourvoyeurs du marketing jeuniste qu’on nous sert à longueur de pages.

Il n’y a qu’à regarder les pages de pub qui s’enchainent, payées par les grands groupes comme l’Oréal ou Estée Lauder.
C’est la dictature absolue d’une beauté inventée.

Croyez-vous vraiment que telle ou telle crème miracle viendra à bout de l’inexorable ?
Pensez-vous que prendre des bains dans de la crème Somatoline, éradiquera définitivement votre peau d’orange ?
Que quelques piqûres de botox vous rendront votre jeunesse perdue ?

J’entendais dernièrement les Miss France donner des leçons de morale sur la féminité…
On croit rêver !
“Oui je suis une femme accomplie, j’assume pleinement ma féminité. Oui je me maquille et non je ne suis pas une femme objet.”
Foutaise, tu es un produit ultra marketté. Et tu ne t’en rends même pas compte !

La majorité de nos rituels de beauté sont dictés par les industries cosmétiques et de la Mode.
Peu de femmes sont à la tête de ces grands groupes.
C’est donc un fantasme d’homme que nous servons quand nous succombons aux diktats.

L’image générée est un fake, largement photoshoppée puis Instagrammée. Et tout le monde y succombe.

Je ne suis pas la dernière à avoir été une fidèle petite esclave de mon apparence…
J’en reviens progressivement, en tentant de réintégrer une vraie vie. Ma vie.

Je vois autour de moi des personnes, mâles et femelles, courir à la salle de sport pour tenter de coller à l’image que la société attend d’eux…
Où est le bonheur dans cette course effrénée à l’adoubement collectif ?
Je vois aussi beaucoup de personnes sur Facebook ou Instagram qui attendent les “likes”…
Ils ne vivent qu’à travers cette opinion…

Gagner sa vie avec un job de rêve…
Encore un fake, (la plupart du temps).

Je rencontre de plus en plus de drogués aux antidépresseurs, pressés comme des citrons parce que ce n’est pas franchement l’éclate dans leur travail.
Ils triment comme des bons pour pouvoir partir en vacances, payer les traites du crédit pour la voiture et la maison, donner une bonne “éducation” à leurs enfants, pouvoir être en représentation dans leurs beaux vêtements de marques, etc…

Photo Jean Miaille®

Ils finissent par un burn-out qui les dévaste, et ont du mal à s’en relever.

La progéniture obtient tout ce qu’elle veut des parents en enchainant caprices sur caprices.
Et les parents obtempèrent parce qu’ils culpabilisent.
Offrir une Canada Goose à plus de 700€ à un mouflet est absolument normal actuellement.

Et quand vient le soir et que les parents se retrouvent confrontés à leurs enfants, que font-ils pour la très grande majorité ?
Ils tentent de les fuir…
Les laissant à leur tablette et autres écrans néfastes…

Je vois des petites filles de 8 ans danser comme des stripteaseuses, et maquillées comme des voitures volées.
Elles ne se rendent pas compte du danger de leur comportement.
Elles ont vu ça sur la toile.

Le dialogue est rompu. La transmission aussi.

Femmes et hommes succombent à la charge mentale engendrée par le système dans lequel nous vivons. Et contribuons.

Alors on tente de s’échapper du quotidien avec des passions…
Passions souvent dictée par des modes.

Un jour c’est la cuisine, un autre la pâtisserie.
Le surlendemain le yoga, et le jour d’après la peinture.
Bref, beaucoup de marottes fluctuantes, en fonction de la Mode.

Et puis arrive le moment ou “hommes” et femmes” se font chier dans leur couple.

Alors pour ne pas perdre l’acquis de la situation, on va chercher amants et maitresses sur les réseaux sociaux…
On évite de quitter sa “vie”, mais on n’hésite pas à pratiquer l’abominable hypocrisie.

Comme disait Solaar dans Gangster Moderne: “Satan dirige la messe, donc personne ne se confesse”.

Pourquoi se séparer d’une conjoint avec un bon compte en banque, une “belle situation” socialement acceptable, avec qui l’on a des enfants ?
Parce que c’est confortable ?!!!

À ce point là vous vous dites mais quel rapport avec le fait d’être une Femme ?

J’y viens.

On ne devient pas Femme (ou Homme) en se contentant de suivre les lois édictées par notre civilisation.
Nous ne sommes pas les objets que nous possédons. Pas plus que ce qui est politiquement correcte et acceptable.

Nous sommes des êtres libres de choisir, à condition de ne pas succomber aux pressions sociales et à la domestication dont nous sommes victimes depuis des millénaires.

Le cas Yann Moix est un épiphénomène, mais par trop répandu.
Cette façon de penser aux femmes ne tient qu’à la personne qui soumet cet avis.
Mais également aux filles qui participent à accepter l’insoutenable légèreté de ces personnes.

Une vraie femme ne s’intéresse pas à ce genre de garçonnets.
Elle est libre. De corps et d’esprit.
Elle fait ses choix en âme et conscience.
Elle ne succombe pas aux desiderata des petits mâles de les soumettre.

C’est une sorte de guerrière un peu revêche et surtout indomptable.

L’homme ne peut pas faire pression sur la vraie Femme, en tentant de s’engouffrer dans ses failles.

Elle est parfaitement droite et en cohérence avec ses valeurs profondes.

Congruente.
La Femme ne se dérobe pas.
Il y a là de l’honneur et de la dignité.

J’entends beaucoup de gens dire que c’est le monde des Bisounours.
C’est leur point de vue.
Mais être libre de ses choix à l’heure actuelle, c’est être en guerre permanente.
Pas de repos.
Du courage et de la détermination.

La vraie Femme n’est pas infaillible, loin de là.
Elle a ses doutes, elle commet des erreurs.
La grande différence avec ses sœurs, c’est qu’elle apprend.
Elle tente d’avancer, tenant compte des erreurs qu’elle commet.

Ce n’est jamais évidence, ni couru d’avance.
Chaque pas compte.

Être en cohérence avec ses valeurs est très souvent critiqué par de tierces personnes qui n’hésitent pas à mettre en évidence les erreurs.

La Vraie Femme sait qu’elle n’est pas parfaite. Elle est seule juge du parcours qu’elle emprunte pour être fidèle à elle même.

La Vraie Femme est profondément humaine.
Ne tient jamais pour acquis ce qu’elle a appris aujourd’hui.
Est en évolution permanente.

Elle fait peur parce qu’elle est entière et sans concession.

Pour moi elle s’apparente à une “Sorcière”.
Non pas dans le sens monstrueux, mais plutôt de par sa façon de penser.
Pas conventionnelle, libre.

Elle ne souffre pas de la peur de la solitude.
C’est une conquérante.

Chaque jour est important.
Elle le vit selon ses convictions. Pleinement.

Le portrait que je vous brosse là ressemble à celui d’une héroïne.
Mais nous avons toutes et tous ces possibilités à notre portée.

Il suffit de se désintoxiquer de la société de consommation dans laquelle nous vivons, et de ces dogmes délétères.

Le marketing a trop tendance à marchandiser l’être humain.
Pour preuve, l’émission que je regardais l’autre soir, Complément d’Enquête, sur les sites de rencontres.
Vous ne cédez pas aux avances outrageuses d’un goujat ?
Ce n’est pas grave, il y en a plein d’autres femmes qui diront oui !

Le simple fait d’en prendre conscience est déjà un pas énorme.

Dans Fight Club Edward Norton dit : “Vous n’êtes pas votre travail, vous n’êtes pas votre compte en banque, vous n’êtes pas votre voiture, vous n’êtes pas votre portefeuille…”
J’ai volontairement coupé la fin qui est un peu violente, mais c’est pourtant la triste réalité de la façon nous sommes traités en tant que consommateurs.

Je ne dirai pas que je suis une Femme, mais je tente de m’en rapprocher chaque jour un peu plus.
J’essaie de m’amender de ma condition de fillette pour devenir une femme plus libre.
Pour ce faire, je me suis dépouillée progressivement des biens matériels inutiles, puis des personnes qui ne partageaient pas ma philosophie de vie.

Halte aux garçonnets qui n’assument pas, n’ont pas d’élégance ou de cohérence, ou encore ceux qui rabaissent leur prochain pour se sentir supérieurs. J’ai également fait cela avec le peu de fillettes que je fréquentais.

La vie, c’est savoir faire des choix et les assumer pleinement.
Ce n’est pas toujours une promenade de santé.
Ça ressemble plutôt à des montagnes russes.

Alors si il est vrai que je croise beaucoup de purs produits issus de la société de consommation, je rencontre aussi de la bienveillance.
Elle est rare et c’est pour ça que je la savoure chaque jour.

Je sais que je n’ai pas la capacité à changer les gens (et je ne le souhaite pas !), alors je commence à m’améliorer chaque jour davantage.

Je sais que je ne changerai jamais des personnes du même acabit que Yann Moix, qui confondent désir et amour.
Mais si chacun de nous remettait gentiment en place ce type d’individus, peut-être que cela ferait avancer la société dans le bon sens.
Ne nous rendons plus coupable de collaborer aux délires de ces personnes immatures.
Laissons-les pour ce qu’ils sont.
C’est pure perte de temps que de vouloir changer les gens.

Soyons le changement que nous voulons apporter au Monde. Comme le colibri de Pierre Rabhi.
Chaque jour suffit sa peine.

Pas besoin de changement drastique du jour au lendemain, mais d’une petit effort chaque jour.

La beauté d’une femme ne se cantonne pas à sa plastique, mais plutôt à la complexité de son être. De ses combats.

Je finirai par cette citation de Simone de Beauvoir : “Une femme libre est exactement le contraire d’une femme légère.”

Alors, je vous souhaite d’être des Femmes et des Hommes accomplis, pleins de valeurs. Soyez vous-même, c’est tout ce qui compte.